Valréas : ça cartonne !

Article Valréas

Jusqu’au début du XIXème siècle, rien ne prédestine Valréas, alors ville de 4300 habitants, à devenir la capitale européenne du cartonnage. C'est la culture du ver à soie qui en sera à l'origine...

Le ver à soie

Jusqu’au XIXème siècle, l’économie de Valréas repose sur l’agriculture et l’élevage. Entre 1820 et 1855, l’élevage du ver à soie est en plein essor pour faire face aux besoins de l’industrie textile. C’est l'âge d'or de la sériciculture (culture du ver à soie) : plantation accrue de mûriers, construction de nombreuses magnaneries.

Les vers à soie sont les chenilles provenant des œufs du papillon Bombyx ; ils se nourrissent exclusivement de feuilles de mûrier. La soie provient de la transformation du ver en cocon (chrysalide) qui contient environ 1,5 km de fil.

Début du cartonnage

Une grave épidémie décime les vers à soie dans le Vaucluse. Auguste Meynard, sériculteur, décide alors d’importer les graines (œufs de Bombyx) du Japon et de Chine, collées sur des cartons. Il a des problèmes avec les œufs; ils sont détériorés par leur long voyage depuis l’Orient. La mortalité est importante. Il en fait part à son ami Ferdinand Revoul. Il est perruquier, coiffeur et tient un bazar-mercerie. A.Meynard connait son habileté pour le bricolage, son esprit d’invention .

Image : les graines de vers à soie (Auguste Meynard, pionner de l'industrie du ver à soie / Valreas)

Il lui demande de fabriquer un boîtage adapté au transport des graines dans les meilleures conditions possibles d’aération et de conservation. C’est ainsi que nait une boîte expérimentale : la « boîte à courant d’air » qui évite d’écraser les œufs et permet leur survie grâce à une aération par une fenêtre grillagée ou par des trous.

C’est l’association de ces 2 amis qui va permettre l’essor de l’industrie du cartonnage.

Apogée du cartonnage

Vers 1840, Ferdinand Revoul propose de fabriquer toutes les boîtes nécessaires à l’exportation des « graines de ver à soie ». Il crée, ainsi, le cartonnage à Valréas pour satisfaire la demande de la famille Meynard. Il invente les machines et monte sa propre entreprise de fabrication de boîtes. La demande est de plus en plus importante ; il dépose des brevets d’invention. L’industrie du cartonnage après avoir pris appui sur la culture du ver à soie va assurer le relai. Après la mort de Ferdinand en 1864, sa femme puis son fils Auguste donne la véritable impulsion à l’industrie du cartonnage : la transformation du carton en emballage (1883).

La production se diversifie : la multitude de boîtes, de coffrets, de boîtiers attirent les pharmaciens, bijoutiers, confiseurs, parfumeurs, papetiers, relieurs, bottiers et l’industrie agroalimentaire.

1870 : On observe un développement parallèle de l’imprimerie et de la lithographie où typographes, graveurs et imprimeurs rivalisent de virtuosité pour créer des étiquettes magnifiques inégalées jusqu’à nos jours. La boîte en carton constitue un support publicitaire de choix. D’autres fabriques de cartonnage se créent. Il y en a 6 en 1886. Valréas compte jusqu'à dix-sept ateliers de cartonnage et doit recruter hors la ville. Partout, on sent l’odeur de la colle, du carton et de l’encre.

Au total, près de 1000 personnes sont employées, dont 600 pour les établissements Revoul. Le travail, fait uniquement à la main, est réparti :

- les hommes cartonniers sont chargés de découper les cartons de façon précise et ingénieuse.
- Les femmes cartonnières, en atelier ou à domicile, façonnent les boîtes grâce à leur habilité, dextérité et propreté. Derrière chaque fenêtre, on peut apercevoir une femme en train d’assembler des boîtes. C’est une main-d'œuvre essentiellement rurale, abondante et bon marché.

1897 : La ligne de chemin de fer Nyons-Pierrelatte permet d’accroître le développement de l’industrie. Après la 2ème guerre, l’activité continue avec des techniques, des matériaux et des produits nouveaux. La mécanisation entraine la diminution de la main-d’œuvre.

1950 : Les établissements Revoul ferment après avoir fabriqué des boîtes pendant un siècle. Au cours des dernières décennies, après avoir atteint une renommée mondiale au début du XXème siècle, le cartonnage perd progressivement son hégémonie en raison de la concurrence. 

Actuellement, il ne reste plus qu’une entreprise employant 140 personnes pour la confection des étuis et coffrets. Valréas reste néanmoins le lieu historique du cartonnage.

Toute l'histoire du cartonnage (musée du cartonnage)

Sources

www.provence-vaucluse- découverte.com
www.e-archives.vaucluse.fr
www.asppiv.fr
www.provence-historique.mmsh.univ- aix.fr
www.yumpu.com
http://www.vaucluse.fr/culture-et-patrimoine/les-musees-departementaux/le-musee-du-cartonnage-et-de-limprimerie

Lachezleswatts.com

Nouveau sur Lachezleswatts ?

Rejoignez la communauté

InscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscrit