Et si la fête des rois était à l’origine du théâtre à Avignon ?

Article Avignon

Chaque début d'année, on attend tous la galette des rois. Elle célèbre l'Epiphanie, le 6 janvier depuis 1801. On la dévore tout le mois de janvier. On espère toujours être couronné, Roi ou Reine de la journée. A Avignon, on fêtait les rois au Moyen-Age lo

De la fête païenne à la fête religieuse

Le partage de la galette n'a rien à voir avec la religion. Comme souvent, tout commence avec une fête païenne, chez les romains. Début janvier, autour du solstice d’hiver, période propice aux divinations, ils célèbrent les saturnales, fête pendant laquelle un domestique ou un esclave est élu roi d’un jour. Pour que l'élection soit juste, on met un enfant sous la table et c'est lui qui attribue les parts de gâteau dont une contient une fève. Maîtres et esclaves sont sur un pied d'égalité et tout le monde mange à la même table. C’est une fête d’inversion des rôles afin de déjouer les jours néfastes.

L’Hiver ou Les Saturnales. AF Callet. 1783. Musée du Louvre

Dès le IVe siècle, certaines communautés chrétiennes d'Orient commencent à associer cette fête à la naissance de Jésus. Ce n'est qu'au XIIIe siècle que l'Eglise de France s'approprie cette fête païenne et l'associe progressivement à l'Epiphanie pour célébrer la naissance de Jésus et sa présentation aux rois Mages guidés par une étoile.

Au XIème siècle, certains avaient pour habitude de désigner leur chef en cachant une pièce dans un morceau de pain. C’est durant le XIVe siècle que se répand la coutume du gâteau des rois et la coutume du « roi boit ». Le gâteau est partagé en autant de portions que d'invités, plus une part. Une portion supplémentaire appelée "part du Bon Dieu" ou "part de la Vierge" généralement donnée à un pauvre. Celui qui tire la fève doit offrir une tournée à l’assemblée.

Le roi boit. Jacob Jordaens. 1593-1678


La Fête des Rois ou Le Roi boit. Gabriel Metsu. 1650-1655. Alte Pinakothek, Munich


La fougasso di rei (Provence) , la galette de la liberté pendant la Révolution

Peu à peu, la galette des rois prend des formes et des parfums variés selon les régions et les traditions locales. En Provence, le gâteau est appelé : la fougasso di rèi mais aussi lou Reiaume ; par son aspect, il ressemble à un pain.

Au XVIe siècle, le gâteau des rois fait l’objet d’une guerre féroce entre les boulangers et les pâtissiers, chacun en voulant le monopole de la vente ; le roi François 1° accorde le droit aux pâtissiers. Les boulangers contournent leur interdiction de vendre des gâteaux des rois en les substituant par des galettes.



Illustrations. Fabrication de pains et de galettes au Moyen-âge

Peu à peu, dans le Nord, la galette devient pâte feuilletée fourrée à la frangipane, notamment sous l’impulsion de Louis XIV ; tandis que dans le Sud, c’est une couronne briochée aux fruits confits et à la fleur d’oranger, sensée symboliser le soleil, la lumière et donc la richesse.

Sous la Révolution française, il est hors de question d'élire un roi. Cependant, pas question de ne pas partager de gâteau non plus car la fête est très appréciée des citoyens. Il est donc né la 'galette de la liberté' ou 'de l'égalité', sans fève ni roi. C'est sur ce principe qu'elle est toujours célébrée au palais de l'Elysée (on ne saurait désigner un roi au sein de la présidence de la République). Les révolutionnaires avaient fait plusieurs propositions pour renommer « l’Epiphanie » : « fête du bon voisinage », « fête des philosophes » ou « fête des sans culottes ».

Des fabricants de galette, Wikimedia Commons

La galette feuilletée trouverait son origine à Paris, dans la seconde moitié du 19e siècle ; ce qui lui valut le surnom de "la parisienne".


La tradition veut qu’elle soit l’occasion de « tirer les rois ». Une fève est cachée dans la galette et la personne qui l’obtient devient le roi (ou la reine) de la journée ; il a le droit de porter une couronne de fantaisie puis choisit sa reine (ou son roi). La personne ayant dans sa part la fève doit offrir la prochaine galette.

La légende de la fève

Une légende raconte que la fève serait née avec la fameuse bague de Peau-d'Ane (Conte populaire de Charles Perrault) qu'elle avait oubliée dans sa galette. Ce n’est qu’une légende.

Peau d’âne - ©Les Éditions Modernes /Niezab, Gaston

En fait, à l'origine, il s'agit d'une fève alimentaire, c'est-à-dire d'un légume-grain le plus consommé en Europe, symbole du bonheur et de fécondité ; elle promet à celui qui la trouve : chance, richesse, pouvoir et vertu ; gardée dans la poche, elle le préserve des fièvres et maladies pendant l'année. On la trouve dans le gâteau des rois au XIVe siècle. 
A la fin du XVIIIe siècle, les premières fèves en porcelaine apparaissent, pour éviter d’avaler la fève-légume et ainsi échapper au rituel d’offrir la tournée à l’assemblée. Elles représentent d'abord l'enfant Jésus, pour reprendre la tradition chrétienne de l'Epiphanie. Mais à la révolution, les fèves vont avoir d'autres aspects, bonnet phrygien ou pièce en or. En 1874, cette fève en porcelaine se généralise et se régionalise, représentant toute sorte de personnages, d'objets ou de métiers. En Provence, un petit santon tend à remplacer la fève.
Au XXe siècle, la fève en plastique va encore multiplier les possibilités, transformant parfois l'objet en support publicitaire ou en figurine de dessin animé. La fève est ainsi devenue un objet de collection.

De « la collation de la fouace » au Théâtre à Avignon ?

La coutume de fêter l’épiphanie en tirant la royauté au sort est très ancienne à Avignon. 
Elle est déjà, au XIVe siècle, d’un usage constant même parmi le peuple. Cette fête s’appelle la « collation de la fouace ». C’était la ville qui faisait les frais du gâteau du roi. A l’issue de la fête, le roi de la fève est raccompagné joyeusement chez lui avec des torches et se devait ensuite, de rendre la politesse en organisant un festin.

La fouace

Au XVème siècle, la fête des rois coïncide avec celle du carnaval qui avait lieu à l’hôtel de ville et pour lesquelles étaient organisées des représentations théâtrales et des histoires qui sont des scènes tirées de l’Ancien ou du Nouveau Testament et où les personnages sont des santons ou des mannequins. On peut aussi y voir des farces et ballets.

Illustrations de scènes théâtrales au Moyen-âge

En 1509, les avignonnais voient pour la première fois une troupe de comédiens étrangers. Les jésuites vont s’impliquer dans l’organisation des pièces de théâtre. Au début du XVIIe siècle, à l’Epiphanie ne figurent que pain, olives, dragées et vin. Les farces continuent, malgré la censure ; elles caricaturent et ridiculisent les autorités civiles, seigneurs, évêques et cardinaux. 
Ensuite, le théâtre tel que nous le connaissons se met lentement en place, au fil du temps.

Sources

http://www.linternaute.com/actualite/histoire/1183525-epiphanie-date-recettes-origines-le-pourquoi-du-comment-de-la-tradition-de-la-galette-des-rois/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Galette_des_Rois
http://www.lexpress.fr/styles/saveurs/histoire-de-la-galette-des-rois-et-de-la-feve_1637819.html
http://www.mariefrance.fr/cuisine/invite-dhonneur/tout-sur-la-galette-des-rois-son-histoire-ses-traditions-40760.html
www.myparisiankitchen.com/fr/blog/184-origine-et-histoire-de-galette-des-rois
http://digitalfood.tv/la-galette-des-rois-histoire-et-traditions/
https://munchies.vice.com/fr/articles/quand-

Lachezleswatts.com

Nouveau sur Lachezleswatts ?

Rejoignez la communauté

InscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscritInscrit