La crèche, à Avignon et dans toute la Provence !

Article Avignon

En France, c’est en Provence que la tradition de la crèche est la plus forte, et objet, tous les ans, d’un rituel. Croyant ou pas, il est toujours émouvant de regarder ces mondes en miniature qui racontent l’histoire de la Nativité. Petite histoire et p

La crèche, une vieille histoire…

Le mot crèche vient du mot latin « crupio » qui signifie « mangeoire »  dans laquelle le christ emmailloté est déposé à sa naissance selon la Bible (Saint Luc).

La plus ancienne représentation en rapport avec les Evangiles de l’Enfance du Christ, actuellement connue, est une peinture des catacombes de Priscille, à Rome et représente l’adoration des Mages : ceux-ci, au nombre de trois et dans les mains desquels on distingue des présents, arrivent devant une Vierge assise dans une attitude assez majestueuse portant l’Enfant Jésus sur son bras gauche. Cette peinture pourrait avoir été exécutée vers l’an 180.

Peinture des catacombes de Priscille

Dès le IIIe siècle, les chrétiens ont vénéré une crèche dans une grotte de Bethléem, supposée être le véritable lieu de naissance de Jésus. Une des premières représentations connues remonte en l’an 343 grossièrement sculptée sur un sarcophage romain. 

Sarcophage de la nativité – Musée départemental Arles Antiques

La fête de Noël, le 25 décembre, est décidée en 354 par le pape Liberius dans le but de remplacer la fête païenne qui entoure le solstice d'hiver.                                                                  

C'est au VIe siècle que l'on situe la première célébration de la nuit de Noël dans l'église de Sainte Marie à Rome, avec des statues de la Vierge Marie, de Joseph, de l'âne et du bœuf et des reliques de la crèche de Bethléem. On raconte que Saint-François d’Assise crée en 1223 l’une des premières crèches vivantes complétées par des figurines, dans son église de Greccio, en Italie, avant de célébrer Noël. Petit à petit, la coutume se répand, sous l'influence des prédicateurs franciscains, surtout en Provence et en Italie.

Giotto (fresques de la vie de Saint François) : le Noël de Greccio.

Au Moyen Age, des pièces de théâtre sont jouées dans les églises pour représenter la naissance du Christ. Des tableaux ou sculptures représentent la Nativité. Peu à peu, les crèches vivantes seront remplacées par des crèches de figurines, en modèle réduit. Elles font leur apparition dans les couvents et les églises, au XVIe siècle, en France, sous l’initiative des Jésuites. 

Les santons : merci à la Révolution française !

Le santon signifie « petit Saint » en provençal, par opposition aux grandes statues des Saints des églises. Il  reprend les personnages mentionnés dans les Évangiles. Le nom s'étend ensuite à tous les autres personnages de la crèche.

Au début  les petites figurines sont en verre, en porcelaine, en cire, en bois sculpté, en carton, en papier mâché…

Pendant la Révolution, période de persécution religieuse, ne pouvant se résoudre à ne plus se recueillir devant les si populaires crèches de leurs Eglises, les fidèles s’attachèrent à les reproduire dans des dimensions adaptées à leurs humbles maisons : les personnages furent modelés très souvent avec de la mie de pain, puis avec de la glaise. 

En 1798, un Marseillais, Jean-Louis Lagnel, conçoit les premiers moules en plâtre pour fabriquer ses santons d’argile, de conception toute simple. Cette nouveauté technologique permet une production de masse et une plus grande diffusion. Ces "santons d'un sou" permettent enfin à chacun de posséder sa propre crèche.

Moules de Lagnel au musée de Marcel Carbonel

Le véritable essor des santons commence au XIX siècle avec l’apparition des premiers maîtres santonniers de Provence. Marseille, devenue capitale santonnière, se met à organiser des foires devenues annuelles.

Frédéric Mistral (1830-1914), grand poète provençal écrit :  « L’argile est aux mains du santonnier ce qu’est l’homme dans les mains de Dieu ». 

Santon représentant Frédéric Mistral

Le développement de la crèche à Avignon et en Provence

Dans la région provençale, la crèche s’appelle d’abord  Nativita (ou Nativité). Elle apparaît autour de l’an 1500, à Avignon, sous forme de sculptures en bois. Les Oratoriens de Provence, reliés par les Ursulines et les Carmélites, propagent le culte de l’enfant-Jésus, puis de la crèche de Noël dans les églises et couvents de leur ordre. Les crèches se répandent en Provence par les associations pieuses, confréries et congrégations. En 1663-66, la confrérie du Rosaire de Flassan fait sculpter une crèche en bois par le sculpteur avignonnais Michel Péru, avec au moins un Jésus, une Vierge et un St Joseph.

A l’origine, elle reprend les personnages mentionnés dans les Évangiles, (Joseph, Marie, le petit Jésus, les bergers, les rois mages). Puis elle mêle au fil du temps, le profane au religieux et s’inspire de la vie locale avec les personnages typiques de la région, du village ou les défunts de la famille. Les décors locaux apparaissent : maisons, paysages, monuments…. Elle reproduit un paysage de Provence avec ses villages perchés et son relief accidenté.

L’ébéniste et noëliste Antoine Peyrol (1709-1779) décrit la Nativité à Avignon : « Des églises, le goût des Nativités passa chez les particuliers. Chacun voulut avoir la sienne et Dieu sait combien Escudier, le figuriste célèbre et les chartreux de Bonpas ont vendu d’Enfant-Jésus, des Vierges, des mages, des bergers, des bœufs et des ânes aux amateurs de l’époque »

Contes de Noël d’Antoine Peyrol

Marie Escudier (1742-1818), à Avignon, fabrique des figurines de cire, activité reprise par le Carmel d’Avignon. Les premières pastorales (représentations théâtrales chantées et parlées en provençal de la célébration de la Nativité) sont attestées dans la seconde moitié du XVIIIe à Avignon et Marseille. Les premières crèches vivantes apporteront des personnages typiques du monde provençal comme le maire, le remouleur, le bohémien puis plus tard Pistachié (le niais), le Ravi, les commères villageoises...

Crèche des Saintes-Marie de la mer

Pendant la Révolution française, l'interdiction de représenter en public des scènes religieuses booste le développement des crèches dans les maisons. C'est en Provence que cela se fera en premier, en se cachant, car c'est interdit.

La tradition veut que chaque année, la crèche soit mise en place dès le début novembre pour n'être défaite qu'au début janvier après l'épiphanie. Chacune se singularise par le choix de ses santons, des accessoires utilisés, des représentations des maisons villageoises et par la variété de la végétation choisie (mousse, lichen, houx, branches de pin, ….). Plus tard apparaissent les crèches mécaniques puis les crèches parlantes, interprétées par des marionnettes.

Avignon et ses crèches


La cathédrale Notre Dame des Doms

On attribue la création de la crèche au pape Jean XXII lui-même. Ce pontife aurait commandé des personnages aux chartreux de Bonpas. Les premiers santons ont tous été détruits pendant la Révolution. Les santons de la crèche actuelle sont, pour la plupart, du XIXe réalisés par les Carmélites d’Avignon. Ils sont parmi les plus anciens de Provence. Les personnages ont la tête, les mains et les pieds en cire couleur chair, montés sur des mannequins de toile bourrés de paille fine, revêtus de costumes dont certains sont d’origine ou de tissus d’époque.


La basilique Saint-Pierre

Les santons sont tous en carton ou en cire. Ils ont été réalisés par les sœurs Carmélites d'Avignon en 1830. Tous les santons ont la main droite occupée par un bâton, une canne, un sac, sauf bien sûr, Joseph et Marie.


La crèche de la ville

Autrefois dans le péristyle de l’hôtel de ville, elle est désormais installée dans l’Eglise des Célestins. La Provence mythique et éternelle est représentée dans sa diversité : depuis paysages de collines rocheuses, de garrigues, de champs de lavandes et oliviers, torrents et rivières dans des vallées encaissées enjambées par un viaduc de pierres, villages traditionnels aux maisons en pierres sèches. Les santons illustrent des scènes de la vie provençale rurale d'autrefois : le marché aux primeurs, le berger et son troupeau de moutons, les gitans musiciens, les parties de boules, ...Ce sont les ateliers Carbonel, santonniers illustres s'il en est, qui ont mis en place cette crèche exceptionnelle comptant plus de 600 santons et accessoires qui en font la crèche « la plus provençale ».

La Provence et ses quelques plus belles crèches…


GRIGNAN – le « village provençal miniature » est la plus grande crèche du monde, homologuée par le Guiness Book des records. Sur 1116m², vous retrouverez les scènes classiques de la Nativité et bien d’autres à l’échelle 1/6ème, avec des effets sonores, des figurines animées, plus de 1000 santons, plus de 80 maisons en matériaux traditionnels (pierre, bois et ciment), d’une hauteur moyenne de 1m. Les 60.000 tuiles qui composent leurs toitures ont été faites une à une à la main.


BAUX DE PROVENCE - la crèche géante en foin tressé,  installée dans la Chapelle des Pénitents


ANIANE : Deux mois de travail pour une crèche grandeur nature, l’une des plus grandes de France.


FONTAINE de VAUCLUSE - Un écomusée du santon a été créé en 1987 à Fontaine-de-Vaucluse. Il regroupe environ 2 000 pièces, dont une des plus petites crèches au monde, qui tient dans une demi-coque de noix.


SEGURET – L’un des "Plus Beau Village de France " célèbre les traditions provençales avec sa traditionnelle crèche vivante de Noël.


Sources

http://www.evous.fr/Les-plus-belles-creches-de-Noel-en-France.html
http://www.horizon-provence.com/provence-noel/creche-avignon-hotel-de-ville.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Crèche_provençale
http://www.santonsmarcelcarbonel.com/tradition_creche
http://cogolin.forumactif.org/t30-l-histoire-de-la-creche-provencale
http://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Noel/La-creche-quelle-origine
http://www.rene-84.com/provence_traditions/santons_provence_histoire_personnages.html
http://catedaubagne.over-blog.com/article-histoire-de-la-tradition-des-creches-2-la-creche-provencale-

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