La chartreuse de bonpas : site légendaire et mystique

La légende

Ce lieu de passage entre Caumont et Noves existe déjà à  la préhistoire. Au VIème avant JC,  un oppidum celtique surveille le gué traversant la Durance. Cette installation se poursuit à l'époque gallo-romaine, marquée par l'édification d'une riche villa entourée d’un jardin. Il s'agit d'un point de passage stratégique sur la route reliant Avignon à l'antique Phocée (Marseille), donnant lieu à la perception d’un péage. 

Le gué   

En 737, les Avignonnais s’opposent aux Sarrazins ; ils sont vaincus et massacrés. Vers l’an 800, en leur mémoire, Charles Martel ou Charlemagne construit une chapelle sur les restes des malheureux. Alors que la chapelle tombe en ruine, des bandits l’utilisent comme repaire. Ils dépouillent les voyageurs et jettent leur corps dans la Durance, rivière particulièrement impétueuse et difficile à traverser. On dit que c’est mauvais de traverser à cet endroit ; d’où le terme « Maupas » (mauvais passage).

Au XIIème siècle, on dit que Sibertus, homme pieux,  s’installe dans ce lieu marqué par l’horreur. Frappés par ses miracles et voyant s’accroitre le nombre de ses     compagnons, les brigands quittent définitivement le lieu. Des travaux d’aménagement de la Durance en diminuent la violence des flots. Le gué est sécurisé. L’endroit est     baptisé « Bonpas » (bon passage). Une chapelle romane, dédiée à la Vierge, est construite.

En 1116, Sibertus  est rejoint par les Frères Pontifes (faiseurs de pont), dont fait probablement partie Saint Benezet. Ils bâtissent une hôtellerie et un pont pour     améliorer la traversée de la Durance. Il sera emporté par une crue. Un bac à traille lui succède dont la sécurité est assurée par le couvent. L'endroit stratégique fournit     d'importants revenus.

En 1241, le Comte de Toulouse, à l’issue de la guerre avec le Comte de Provence, en fait une place d’armes fortifiée, située à la frontière du Contat Venaissain et de la     Provence.

La Chartreuse de Bonpas

Plan de la Chartreuse

Vers 1278, appelés pour défendre le lieu, les moines de l’Ordre des Templiers (Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem) s’y installent. 

C'est en 1318 que le Pape Jean XXII cède définitivement le bâtiment aux moines Chartreux. Ils réparent, adaptent le bâtiment à leur usage. Ils construisent une église et un monastère : la Chartreuse de Bonpas.

Le siècle qui suit le départ des papes d’Avignon, est une période de crise et de pénurie ; plus tard, elle est victime des brigandages et des guerres de religion.

Il faut attendre le XVIIème siècle pour voir un nouvel essor et une prospérité grâce à des dons, des perceptions d’impôts et des prêts d’argent. Elle héberge pèlerins et voyageurs. La salle capitulaire est érigée. La Chartreuse devient un acteur économique local important après l’acquisition de nombreuses terres agricoles environnantes, à Caumont, sur le terroir d’Avignon, dans le Comtat Venaissin et en Provence. On cultive des vignes, des oliviers et on pratique l’élevage.

Au XVIIIème siècle, après le gel des oliviers, l’économie s’organise surtout autour de la viticulture.

En 1792, lors de la révolution, les religieux sont dépouillés de leurs biens. Le bâtiment est en partie détruit et sert de carrière pour les habitants du voisinage ; l’église et le monastère sont démolis. Il conserve cependant sa chapelle Notre dame de Bonpas, sa double porte fortifiée.

De 1804 à 1812, un nouveau pont en mélèze est construit. Napoléon 1er l’emprunte en 1814, en route vers l’ile d’Elbe. En regardant la Chartreuse, il dit : « Dans un autre siècle, un caprice du destin m'aurait peut-être jeté dans ce cloître ; là encore, je me serais fait une place. Le catholicisme remuait alors le monde ; toutes ces congrégations de moines étaient autant de régiments, on pouvait en devenir le chef ». En 1894, le pont de bois, en partie emporté par une crue, est remplacé par un pont suspendu de pierre (il est reconstruit en 1954 avec avoir été détruit à la seconde guerre mondiale). 

A  la fin du XIXème siècle, des jardins à la française sont  aménagés dans la Chartreuse, à l’emplacement de l’église.

La porterie  

La chapelle

Les jardins à la française