Orange : le destin étonnant de l'Arc de triomphe

La construction de l'Arc

Construit entre 10 et 27 après JC, sous le règne de l’empereur romain Auguste, l’Arc commémore la Guerre des Gaules, après accord du sénat de Rome. Dédié à la gloire des vétérans de la deuxième légion gallique, fondateurs de la colonie romaine d’Orange (Arausio), puis à Tibère. Il célèbre  les victoires du général romain Germanicus  sur les peuples barbares (Cimbres, Teutons et  Ambrons) battus dans la plaine d’Orange; il symbolise la suprématie de Rome sur mer comme sur terre.

Il est situé sur la via Agrippa reliant Arles à Lyon (RN 7 actuelle) à 500 pas de la ville. Il sert de porte à l’entrée nord de la ville ; il est un passage honorifique marquant les limites entre le monde des morts et la ville, passage entre la campagne et la ville. Il est constitué de trois arches de blocs superposées de pierre calcaire (une arche plus grande au centre) avec un arc étroit et plus court de chaque côté et d’un attique en escalier au-dessus. Il a une hauteur de 19,21 mètres, une longueur de 19,57 mètres et une largeur de 8,4 mètres.

Il était entièrement sculpté, mais malheureusement ce monument a perdu certaines parties (piédestaux de statues monumentales au second attique). Il est décoré de colonnes, de panneaux sculptés représentant  des armes, des trophées, des scènes de combat contre les Germains et les Gaulois. Sur le premier attique, la présence exceptionnelle d'attributs maritimes est une allusion originale à la suprématie de Rome sur le monde des mers.

Il est inscrit une dédicace : TI • CAESAR • DIVI • AVGVSTI • F • DIVI • IVLI • NEPOTI • AVGVSTO • PONTIFICI • MAXI POTESTATE • XXVIII • IMPERATORI • IIX • COS • IIII • RESTITVIT • R • P • COLONIAE (ou RESTITVTORI • COLONIAE) traduit par : À Tibère César, fils du divin Auguste, petit-fils du divin Jules, Auguste, grand pontife, dans sa 28e puissance tribunitienne, imperator pour la 8e fois, consul pour la 4e, restitué à celui-ci par l’administration de la colonie (ou refondateur de la colonie).

Jusqu’au XIIIème siècle, l’Arc est abandonné, soumis aux aléas du temps et probablement aux saccages des Goths (IV-Vème), Sarrazins (VIIème), Albigeois (XIIème). Il est en ruines lorsque Raimond des Baux, prince d’Orange, décide dans faire une forteresse. Cela a permis la conservation de l’édifice aux prix de quelques dégradations. Il construit une tour au-dessus de l’Arc (donjon) comprenant des chambres ; il mure les arches pour en faire des pièces d’habitation; il gratte les sculptures de la face orientale pour en faire un salon ; il entoure le tout d’une muraille crénelée de 4,60 m de hauteur avec des fossés.

Au XVIème siècle, les guerres de religions entrainent leur lot de vandalisme, incendies et  destructions. En 1622, le prince de Nassau refait construire le Château d’Orange (datant du XIIIème siècle) avec un réseau de fortifications. Le château d’Arc est inclus dans la muraille extérieure. Louis XIV fera démolir les fortifications en 1660 et le château d’orange en 1673. Fort heureusement, le château d’Arc est conservé.

Image : Plan des fortifications de la ville et château d'Orange
Image de couverture : Gravure d'Israel  Silvestre, (XVIIème siècle) avant destruction du château d’Orange et des fortifications.
Image : Dessins de Beuf 1640

Image : Arc d’Orange par Hubert Robert (1787)

Jusqu’en 1828, une inscription est sur la façade orientale, énigmatique : DV REGNE DE M. MURE, ROY EN 1706. M.MURE est en fait le « Roy de l’oiseau », roi des arbalétriers. L’Arc a longtemps appartenu à la compagnie des arbalétriers de la ville, lieu où ils s’entrainent. Les archers, un dimanche après Pâques, placent un perroquet à une certaine distance de l’Arc ; celui qui le tue est déclaré roi ; il bénéficie de privilèges pendant une année.

Rénovations de l'Arc

En 1721, l’Arc est en ruines, une partie de la façade occidentale de l’Arc s’effondre ; le prince de Conty demande aux habitants de faire les réparations nécessaires : démolition de la maison bâtie sur l’Arc, ouverture des arches, restauration de l’angle effondré, abattement des murailles qui l’entourent, comblement des fossés, aplanissement du talus qui sert de soutien.

En 1824, A. Caristie, architecte, entreprend une première restauration en dégageant les contreforts et les ajouts faits au Moyen-Âge. Le côté ouest est presque entièrement reconstruit par des ébauches des anciennes sculptures.

En 2009. Il est réalisé une grande opération de nettoyage de l’arc d’Orange. L’Arc de triomphe retrouve toute sa splendeur.

Image : Arc d’Orange : Victor Jean Nicolle, XVIIème siècle