L'alphabet secret des remparts

Des caractères mystérieux

Les remparts que nous pouvons admirer actuellement font partie des monuments militaires. Ils ont été construits entre 1356 et 1370, sous les papes Clément VI et Urbain V. En raison d’effondrements dus aux débordements du Rhône ou de la Durance, ils ont été rénovés à plusieurs reprises jusqu’au XVème siècle.

On peut voir, le plus souvent  à la partie supérieure des remparts, des caractères mystérieux, plus ou moins éffacés ou cachés. Il y en a environ 4500. Certains sont répétitifs ; ainsi environ 500 signes différents sont  identifiés. Ces signes peuvent évoquer des lettres (A, H, K, M, O, R, V, Y), des outils, des croix, une clé ou des chiffres romains.

Interprétations fantaisistes

Comme toujours, différentes interprétations  sont avancées. Certains ont vu un alphabet secret, crypté, perpétuant des traditions occultes. D’autres pensent que derrière les pierres marquées se cachent un trésor. Des religieux interprètent les lettres comme étant des initiales de mots qui, réunis, forment  une phrase biblique. Une 4ème explication évoque des éléments ornementaux, peu probables car ils échappent facilement aux yeux. Enfin, une dernière explication avance un repère pour la pose des blocs, difficile à croire car certaines marques sont parfois inversées.

Signes lapidaires

Les marques que vous avez vues sont des signes lapidaires ou marques de tâcheron. Ils existent depuis l’Antiquité grecque et romaine. Ils réapparaissent au Moyen-Age à l’époque romane puis gothique. Ils sont taillés, gravés, tracés ou dessinés avec des ciseaux, gravelets, polkas  ou instruments pointus des tailleurs de pierre. Leurs formes dépendent de l’époque : lettres à l’époque romane ; figures géométriques ou outils à l’époque gothique. Les dimensions sont variables (fonction de l’outillage).

Les signes varient en fonction des usages, de la région du chantier, du mandataire, du mode d’approvisionnement, du rythme des livraisons.

Pour le profane ou le non initié, ils restent impénétrables. Cependant la signification du signe lapidaire est simple. Il permet d’identifier ou authentifier l’ouvrier ou le corps de métier (une sorte de signature), de contrôler la qualité de l’ouvrage, de comptabiliser et de s’assurer que le travail est accompli; le tailleur de pierre peut alors être payé pour sa tâche, en fonction du nombre de pierres taillées. Ils ont aussi un rôle utilitaire : technique de pose, d’appareillage, de taille, d’assemblage, de localisation.

Les remparts, un immense chantier

Sachant qu’il y a 500 signes et que chaque groupe d’ouvriers est composé de 50 à 100 hommes, on peut estimer le nombre de tailleurs de pierre entre 2500 et 5000, sans compter ceux travaillant dans les carrières et les terrassiers creusant les fondations et les fossés.

Autres lieux

Vous pouvez voir des signes lapidaires de type provençal sur les murs d’autres bâtiments du Grand Avignon (Palais des Papes, églises, … ) mais aussi sur ou dans des édifices alentour. Ceux des autres régions de France et des pays d’Europe sont aussi visibles (églises, cathédrales, châteaux). 

Pour résumer, voici les différentes marques qui peuvent être observées sur les pierres :