14 juillet 1789 : la Révolution française - et à Avignon ?

Article Avignon

En cette année 1789, le vent du Nord souffle l’esprit de la Révolution sur la cité papale. Le Comtat Venaissin, toujours dirigé par le clergé, n’appartient pas encore à la France. Les idées révolutionnaires venant de Paris se diffusent dans tous les espri

Contexte

En 1789, Avignon et le Comtat Venaissin font partie du patrimoine du Saint-Siège depuis plus de 400 ans. Ils représentent une enclave dans le royaume de France. Ils enserrent les principautés d’Orange et de Mondragon, et jouxtent le Comté de Sault ainsi que la seigneurie d’Apt dans laquelle le territoire comtadin de Bonnieux est isolé. A Avignon, ville de 24000 habitants, le peuple jouit d’un crtain bonheur : peu ou pas d’impôts, constitution presque démocratique... grâce à l’administration papale.   

1789 : Avignon s'agite fortement


Nous sommes sous les règnes du roi Louis XVI (France) et du pape Pie VI (Avignon - cf Image) Au début de l'année 1789, 2 partis révolutionnaires d'Avignon vont semer de nouvelles idées venant de France et pousser le peuple d'Avignon à la révolte :
- les "modérés" : ils se recrutent dans toutes les couches sociales du Tiers Etat, depuis les bourgeois jusqu'aux artisans et aux ouvriers, en passant par les commerçants, les représentants du Monde des services. Les Français et les étrangers sont peu nombreux parmi eux : 2 à 3 % environ, la grosse majorité des modérés étant constituée par des natifs d'Avignon.
- les "extrémistes" : ils sont constitués à 52 % par des ouvriers du secteur industriel, en particulier ceux de l'induslrie textile, et par des paysans. Près de 20 % de militaires dont beaucoup sont des déserteurs des régiments français. Peu sont natifs d'Avignon. La rue Carreterie actuelle est un quartier général des extrémistes et sera un foyer insurrectionnel permanent. Les meneurs seront notamment l'avocat Peyre et le notaire Lescuyer. 

En 1790, les bourgeois évincent petit à petit l’administration papale. Instituées par la loi du 14 décembre 1789 de l'Assemblée Nationale organisant les Municipalités, les sections, constituant des arrondissements électoraux, font leur apparition à Avignon lors de l'élection de la première municipalité révolutionnaire, en mars 1790, la municipalité d' Armand. Il y aura 9 sections (les 7 paroisses citées ci-dessus + 2 sections pour le terroir : celles de Montfavet et de Morières) qui évolueront à nouveau en 1791. 

En avril, Avignon est donc gouvernée par 2 puissances rivales : celle du Palais des Papes et celle de la Municipalité. Les meurtres à répétition... entraineront l’émigration de nombreuses familles. Avignon finit par adopter les règles d'une municipalité « à la française » puis rompt avec Rome.

En 1791, une guerre civile éclate entre les habitants d’Avignon (pour la "France") et ceux de Carpentras (pour "la Papauté"). L’armée française intervient. Au cours de l’été, une vaste consultation électorale sera lancée pour connaître les vœux des Comtadins. Au terme de ce scrutin, les partisans de la réunification avec la France l’emportent.

Le 14 septembre 1791, l’Assemblée Nationale Constituante décrète l’intégration des Etats d’Avignon et du Comtat Venaissin à l’Empire français. Avignon et Carpentras sont réunis en 3 districts. 
Image : L'armée avignonnaise assiège Carpentras (1791)



Le massacre de la Glacière au Palais des Papes 

Massacre de la Glacière à l'intérieur du Palais

Le 16 octobre 1791, des débats virulents entre les « blancs » papistes et les « rouges » révolutionnaires eurent lieu suite au dépouillement de plusieurs églises. Lescuyer, l'un des meneurs de la Révolution d'Avignon, est tué d'un coup de bâton ce qui entraîna une série d'arrestations pour trouver les coupables de cet assassinat. 60 suspects furent enfermés dans les anciennes prisons du Palais des Papes. Le fils de Lescuyer, âgé de 16 ans réclama vengeance et le droit d'exécuter lui-même les assassins de son père. Accomapgné de nombreux amis et avec l'accord implicite de Jourdan, l'un des responsables de la "Garde Nationale d'Avignon", le massacre commença...Les emprisonnés furent sortis de leurs cellules et exécutés les uns après les autres. 

Massacre de la Glacière hors du Palais

La municipalité voulut faire des obsèques officielles et grandioses à Lescuyer. Dans l'après-midi du 17 octobre, une cérémonie religieuse se déroula en l'église même des cordeliers et un cortège se déploya dans les rues d'Avignon pour l'accompagner au cimetière Saint-Roch où il fut inhumé. L'affaire fit grand bruit, jusqu'à Paris. Marat, dans son journal « L'Ami du Peuple », jugea que « la mort de ces scélérats n'était que le juste châtiment de leurs infâmes machinations » et salua les « actes de justice que les patriotes d'Avignon avaient été forcés d'exercer pour leur salut ». Par la suite, Jourdan sera déclaré officiellement responsable de la tuerie et fut traduit devant le tribunal révolutionnaire, condamné à mort et guillotiné le 8 prairial de l'an II, soit le 27 mai 1794.

Mort de Lescuyer aux Cordeliers d'Avignon

Préfiguration de ce que va être la Terreur, à partir de 1792, ce massacre ne peut lui être rattaché et doit être considéré comme le dernier épisode marquant d'une lutte entre partisans et adversaires de la réunion des États pontificaux (Avignon et le Comtat Venaissin) à la France. Il s'inscrit dans un enchaînement de rivalités entre partisans et adversaires du rattachement. 

"Juifs" et "franc-maçons" pendant la Révolution d'Avignon

Les Juifs sont nombreux à vivre dans le Comtat (près de 2000 juste avant la Révolution). Ils habitent trois villes importantes : Avignon, Carpentras, Cavaillon, et une bourgade plus petite : l'Isle sur Sorgue. La législation pontificale les a contraint à vivre dans un quartier fermé appelé : La "Carrière", terme qui, dams la pratique, est équivalent de "ghetto".Mais à l'intérieur de La "Carrière", et à condition de payer des impôts élevés, ils jouissent d'une grande autonomie interne. Les très anciennes synagogues de Carpentras et de Cavaillon, restaurées au 18e siècle, sont de véritables joyaux. La "Carrière" d'Avignon est située dans la paroisse de Saint-Pierre. Les Juifs accueillent avec sympathie les mouvements révolutionnaires, qui annoncent pour eux l'égalité des droits civils et poliliques. Le 26 mai 1790, les juifs sont affranchis du port du chapeau jaune, les juives du « pétasson » de même couleur, et les portiers, qui les enferment tous les soirs dans la « Carrière >, sont supprimés. 
Image : Portalet de la Calandre, entrée de l'ancienne Carrière d'Avignon

Créée en 1737, la loge de Saint-Jean d'Avignon entre en sommeil en 1751 et se désagrège à la suite de l'hostilité des pouvoirs publics. Toutefois les principes dont elle s'inspire: la fraternité humaine, l'égalité naturelle et la tolérance, vont se r etrouver dans l'esprit de 1789, et l'on peut reconnaitre un rôle de pré-curseur aux francs·maçons d'Avignon. S'il n'y a pas de document qui permette de conclure à une action quelconque des sociétés secrètes, loges maçonniques ou autres, à Avignon, il est vraisemblable toutefois qu'elles ont dû contribuer à répandre les idées nouvelles. 


Sources

http://judaisme.sdv.fr/histoire/historiq/consisto/rneher.htm
http://provence-historique.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/PH-1969-19-078_02.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_la_Glacière
https://books.google.fr/books?id=jzoOAAAAQAAJ&pg=PA93&lpg=PA93&dq=peyre+lescuyer+tournel&source=bl&ots=3LjqN29_Sm&sig=jr2JL7OLRrP5Dfi0ZJ2q6EC7XZY&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwjXmu-Sn_DNAhUDahoKHXaDA7wQ6AEIHzAA#v=onepage&q=peyre lescuyer tournel&f=false

http://www.gazettes18e.fr/courrier-avignon/annee/1789/page/40911/zoom/0.9
www.archives.vaucluse.fr
http://jean.gallian.free.fr/carb2/ch20.html

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