Exposition à la Chapelle de Carpentras - Svetlana Guitard, peinture contemporaine

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"Svetlana Guitard est une artiste d'origine ukrainienne, établie en Provence depuis 2003.

Diplômée de l’École Nationale des Beaux-Arts de Kiev, elle réalise de grands formats d'acrylique sur toile. A la manière de Jackson Pollock, elle pratique le "dripping": le mouvement spontané, l'instantanéité créatrice ; le geste même de l'artiste devient œuvre. Compositions abstraites très denses, dites en "all over", les toiles de Svetlana Guitard sont l'expression spontanée du ressenti de l'artiste à travers la couleur et le mouvement. Les taches de couleur semblent vouloir être contenues dans des cadres, qui, s'ils contiennent la couleur, ne peuvent contenir l'immense charge d'énergie qui se dégage de ses toiles.

C'est une véritable danse qui se produit entre l'artiste et la couleur. Svetlana Guitard invoque l'aspect irrépressible de sa motivation à peindre, c'est pour elle un besoin fondamental qui s'exprime. Une forme de transe la guide autour de la toile et l'invite à projeter ses couleurs en une gestuelle particulière, figeant ainsi cet instant de grâce pour le restituer au public. Ainsi, l'action de peindre est partie prenante de la démarche artistique.

Une démarche que l'on peut rattacher au mouvement de « l'Action Painting » : mouvement d'art contemporain et abstrait né dans les années 50 à New York. Parmi les figures marquantes de ce mouvement, outre Jackson Pollock, on peut citer Marc Rothko, Barnett Newman ou encore Willem De Kooning. Ces artistes ont en commun un questionnement sur la place du hasard dans la création. Svetlana Guitard souhaite faire partager au public l'expérience de ses créations, tels que des actes libérateurs, affranchis de toute préméditation, de tout modèle ou de toute référence.

Elle décrit sa pratique artistique comme une issue thérapeutique : elle laisse aller ses ressentis, son amour, sa colère, ses angoisses ou même ses sensations sur le support de la toile. Ainsi quelquefois, une émotion semble contenue dans un semblant de structure imposée par un cadre réalisé au pochoir. Ces limites semblent être là pour mieux être franchies ou transgressées, mais elles ont aussi la faculté de multiplier les dimensions et de créer une profondeur de champ, au même titre qu'il y a souvent divers niveaux de pensées ou réflexions sur un même sujet.

Les taches de couleurs jouent souvent sur le positif-négatif et la superposition de plans en « all-over » entrecoupés de plans unis, ce qui pourrait ressembler aux balancements du questionnement intérieur. On peut d'ailleurs admirer les prouesses techniques d'un tel procédé. Le cadre même du tableau ne semble pas être considéré comme obstacle et pousse à se demander comment serait la toile si l'on pouvait prolonger ses contours. La peinture ne semble pas figée, on peut noter une impression de mouvement perpétuel.

Cette cinétique entraîne le spectateur dans une vision du monde chaotique et sous tension, un univers contemporain bien connu, dans lequel on oscille perpétuellement entre explosion intérieure et raisonnement contenant.